Tiers-lieu – la Bouillonnante – Toulouse
Autour du patio aux l’allures de jardin tropical, les espaces intérieurs révèlent l’austérité du monde du travail tel qu’on nous l’a présenté dans le secteur du tertiaire. Notre occupation temporaire dans ces lieux abandonnés par une idéologie encore persistante est une expérience politique qui redéfinit le travail et les sociétés. Il a été question très rapidement d’imaginer un nouveau paysage intérieur qui viendrait nous accompagner dans cette expérience.
Pour réinventer le lien entre le jardin et nos lieux de travail, il nous est apparu évident d’intégrer des plantes dans les espaces de circulation et de réunion. Pour cela, nous abandonnons la consommation et l’achat de plantes à petit prix généralement produites massivement par des opérateurs souvent situés à l’autre bout du monde.
Nous voulons retrouver des gestes simples transmis dans la sphère domestique par nos parents, nos grands-parents, nos voisins. Donner des boutures de nos plantes d’appartement c’est transférer l’héritage de ces plantes qui nous accompagnent quelquefois depuis de nombreuses années, elles proviennent de contrées souvent exotiques et ont été acclimatées à nos intérieurs depuis le XVIII siècle.
Depuis quelques semaines, dans des contenants en verre des boutures de plantes tentent de prendre racine, le processus est lent et rétablit notre rapport au temps : le temps du végétal. Cette expérience temporelle nous rappelle que la vitesse est une notion imposée par l’ère industrielle et a été décuplée par nos pratiques numériques. La vie des plantes nous redonne le tempo de la nature. En les regardant pousser en prenant soin de ces boutures nous gagnons quelques minutes ou quelques heures de temps de nos vies intérieures.
Béatrice Utrilla